⊹ he can play honky tonk just like anything.

La tondeuse à gazon bourdonne d’une manière toute aussi tonitruante que le serait une grue sur un chantier. L’habituel voisin à cheval sur la beauté de son jardin est encore aux abois des fourches de ses plantes. Tu secoues la tête avant de mettre ton casque sur les oreilles, une musique bien plus agréable qui t’emportait vers un monde bien plus lointain. La veille au soir tu avais fait la fermeture au saloon, juste avant de repartir pour la faculté où t’attendais une série d’examens. La présence de la fatigue lisible sur ton visage en découlait et la moindre chose avait tendance à t’irriter. Installé devant ton ordinateur portable posé sur le comptoir de la grande cuisine, tu pianotes sur le clavier afin de tenter de mettre au point ton dernier projet d’architecture. Ce dernier consisté à rénover un ancien site du patrimoine de la ville et le meilleur dossier se verrait obtenir un stage à New York durant l’été dans un célèbre cabinet d’architecte. Une motivation toute naturelle pour laquelle tu travaillais depuis le tout début de l’année. Lunette sur le bout de ton nez, tu fronces légèrement les sourcils lorsque devant toi, tu aperçois la silhouette longiligne de ta sœur cadette, Rose. La plupart de tes ainés avaient tendance à la fois encore comme une petite adolescente mais en tant que grand-frère tu tendais à la voir telle qu’elle était : une jeune fille. Un sourire amusé au coin des lèvres, elle attend que tu daignes enlever ton casque. Une habitude à laquelle tes proches étaient habitués depuis pas mal d’années, certes, mais qui avait encore tendance à agacer. De bonne grâce, tu le mets autour de ton cou les yeux toujours fixés sur ton pc. « J’ai besoin d’un coup de main pour organiser la fête de Noel. ». Clairement – au son de sa voix – ce n’était pas une interrogation mais plutôt une obligation. Même si vous étiez complice comme chien et chat, il n’en demeurait pas moins que Rose était celle qui tenait le plus à te faire participer à toutes les activités familiales et collectives. Personnellement tu t’en gardais bien, mais tu ne pouvais pas toujours refuser afin de ne pas décevoir tes proches. Tu te redresses pour la considérer d’un regard prudent avant de secouer la tête. « Désolé Rosie, mais pour les préparatifs ce n’est pas possible j’ai des choses de prévus. ». Réponds-tu calmement sachant très bien que tu ne pourrais esquiver la festivité en elle-même. La brunette hoche la tête lentement une moue déçue inscrite sur son visage. « Très bien, de toute manière tu seras quand même là au diner d’ouverture, je m’en suis assurée … ». Poursuit-elle avec un rire malicieux et cristallin à la fois. Tu arques un sourcil face à sa malice soudaine et c’est alors que tu compris bien aisément par quel moyen elle allait s’assurer de ta présence lors du grand rassemblement de fin d’année. Tu soupires en passant une main dans ta tignasse cuivré légèrement en bataille. « J’ai demandé à Hazel de venir bien sûr ! Bon allez, on se voit au diner Jamie et les parents ont invités des amis. ». Dit-elle rapidement avant de filer de la cuisine pour elle était venue. Il était clair qu’avec la présence de la jolie blondinette tu ne pouvais faire autrement que de faire un effort.

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La télécommande en main elle ne fait que zapper de chaine en chaine. Il n’y a rien de beau à cette télévision. Ces derniers temps rien ne semble l’intéresser, tout semble au contraire l’inquiéter. La tête posée sur tes genoux, tu lui caresses les cheveux tout en regard l’écran plat de la télévision. Tu sais que quelque chose en particulier la tracasse mais tu ne veux pas la forcer au dialogue car tu sais qu’on n’aimerait guère que l’on te retourne la main. Tu n’appréciais pas spécialement bavarder mais avec Hazel cela se faisait tout naturellement, tout simplement. Elle était ta parfaite antithèse, à la fois sociable et énergique, joyeuse et altruiste bien que ce dernier trait de caractère vous était commun à tous les deux. La maison de ton enfance était bien calme, et les membres de ta famille étaient tous de sortis hormis toi et ta nièce qui dormait à l’étage du dessus. Garder la fille de ta sœur était un réel plaisir que tu ne refusais jamais, elle était adorable et garder les enfants était une activité que tu exercer de temps en temps avec le frère cadet d’Hazel. Cette dernière était bien connue en particulier de ta figure maternelle puisqu’elle a eu le loisir de l’avoir pour élève lorsqu’elle était un peu plus jeune. Au bout d’un moment, la blondinette éteint la télévision et se tourne de ton coté. Ses yeux azuréens te scrutent avec une infinie douceur témoignant de votre lien. Tu esquisses un sourire amusé en la voyant t’observer en silence, mais tu as beau vouloir alléger l’ambiance tu sais que pesanteur lui tient à cœur. « Cela fait un petit moment que ça dure, je l’ai remarqué depuis Hazel. Qu’est-ce qui ne va pas ? ». Elle hausse les épaules avec une certaine réserve avant de se redresser en tailleur, te faisant face cote à cote. Elle passe une main dans ses cheveux, un geste nerveux dont tu as toujours noté la présence lorsque l’angoisse et le manque d’assurance prennent possession de sa personne. Vous ne vous étiez jamais rien cachés, elle était d’ailleurs avec ta meilleure amie et Rose, l’une des seules à être au courant pour ton projet ou encore ton admission dans cette école en Europe. Jusque-là tu ne pensais pas que cela lui aurait posé un quelconque problème, après tout vous en aviez parlés et même convenu d’ambitions communs. Le vivait-elle mal ? « On ne peut rien te cacher ... Ca va c’est juste que je suis un peu fatigué. ». Son manque de confiance elle commençait à alerter ton intuition, quelque chose était sur le point de s’annoncer et intérieurement tu savais qu’elle aurait besoin de toi. Patient  tu attends avec une apparence sereine qu’elle poursuive ses explications, son regard fuyant le tien. « Je suis désolé, Dustin. ». Son intonation était blanche. Elle qui avait toujours été dynamique et pleine de vie semblait avoir perdue de son énergie. Ses yeux clairs s’embrument légèrement, elle perd prise et tu sais qu’elle en a besoin de toi. Tu lis en elle comme dans un livre ouvert – ou presque – mais tu sais que la voir dans cet état ne lui est pas commun. Tu glisses l’une de tes mains derrière sa nuque avant de lui relever doucement le visage. D’un geste doux tu essuies les quelques larmes qui perlent le long de ses joues avant de venir tendrement chercher ses lèvres comme pour la rassurer, lui promettre que tu serais là même si tu en ignores la cause réelle. Hazel n’était pas du genre à mentir et encore moins à partager ses états d’âme avec autrui. Son altruisme finirait par la perdre, mais tu ne le permettrais pas, tu tenais trop à elle pour cela.  Elle te serre dans ses bras avant de déposer sa tête sur ton épaule gauche, tout en lui caressant le dos pour l’apaiser. « Ca va aller ma belle, je serai là. ». Lui murmures-tu à l’oreille avec une intime confiance. Elle hoche de nouveau la tête avec lenteur avant de te serrer davantage contre elle. Tu ne connaissais aucunement la teneur de ce qu’elle pouvait te cacher mais tu t’attendais au pire.